Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Régine Charvet-Pello : « Je suis avant tout une femme de projets mais je suis designer, spécialisée dans l’espace public. Je travaille en même temps pour l’initiation et la valorisation des « technologies du sensoriel appliquées à l’écologie », pour l’association Valesens et son centre de recherches « Sensory Design Center ».
Lénaïg Corson : « Je suis joueuse de rugby depuis maintenant 10 ans en équipe de France, et depuis 4 ans avec le Stade Français Paris. Je travaille à 25% pour ce club en tant que chargée de mission RSE, où j’essaye de faire bouger les lignes, pour penser davantage à l’environnement dans nos pratiques au quotidien au stade. »
Pourquoi avoir accepté d’être marraine du concours Design Zéro Déchet ?
LC : « Quand on m’a demandé d’être marraine, tout de suite les mots « zéro déchet » m’ont parlé. J’ai eu un électrochoc il y a un an, en visitant une usine de tri en Bretagne : à peu près 200 tonnes de déchets y arrivent chaque jour, pour 200 000 habitants… Ça a été un déclic : le meilleur des déchets, c’est celui qu’on ne produit pas. Donc aujourd’hui, j’agis pour limiter ces déchets. Je vais par exemple chercher ma viande bio auprès de l’agriculteur du coin, j’évite le plastique, je fais mes courses en vrac… Dans notre quotidien, je pense qu’on a tous des petits gestes à faire qui peuvent faire la différence. Il faut vraiment que tout le monde s’y mette, et j’utilise aussi mon image de sportive engagée pour essayer de développer ces bonnes pratiques autour de moi. »
RCP : « J’ai accepté car mon quotidien, en tant que designer, est de (re)concevoir des produits parfois à partir des chutes et déchets industriels. Mais aussi de soutenir des programmes mis en place avec l’association que j’anime sur la valorisation de l’écologie. Comme « La belle équipe », qui vise à récupérer les déchets pour fabriquer de nouveaux objets avec une approche design. À chaque fois que nous le pouvons, les designers accompagnent la qualité de la ressource, et non pas du déchet. Cela répond aux problématiques de transformation de notre société et des nouveaux modèles que nous devons appliquer. Nous devons donner l’exemple. »
Qu’est-ce que le design peut apporter à l’éco-conception d’un événement sportif ?
RCP : « Il y a forcément un travail sur le quotidien des sportifs : leur consommation, leurs vêtements, leurs outils de travail… Mais dans les événements, il y a surtout les supporters, ceux qui viennent apprécier et soutenir ces manifestations, notamment pour les prochains Jeux Olympiques. Et là, le design et l’écologie doivent accompagner les nouveaux usages : ne pas jeter, ou à défaut bien jeter, composter, ne pas avoir de verres en plastique… C’est-à-dire redonner, grâce au design, des nouveaux objets et usages permettant un meilleur traitement de l’environnement, dans un cadre où l’on est face à un énorme public. Donc le design doit aussi accompagner sur les notions de plaisir. Il ne faut pas que l’éco-conception soit juste malheureuse ! »
LC : « Quand on est sportif, on a besoin de boire toute la journée. On peut pointer du doigt le nombre de bouteilles en plastique utilisées. L’objectif est de sensibiliser tout le monde à notre surconsommation, et convaincre les joueuses et joueurs d’apporter leurs propres gourdes. C’est mon cheval de bataille au sein des Pink Rockets, l’équipe féminine du Stade Français. Il y a aussi la question de la mobilité. En ce sens, on essaye de repenser nos déplacements en voiture. Nous avons par exemple fait une enquête en ligne pour voir quelle joueuse habitait dans quel quartier, et organiser un covoiturage entre nous pour venir aux entraînements… »
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaitent participer au concours ?
RCP : « Le premier conseil, c’est surtout de laisser parler leur imagination ! L’éco-conception est une belle matière. Donc surtout ne pas se bloquer, donner à rêver et aussi la capacité à nous émouvoir. Victor Hugo l’a dit avant moi : « ce qui fait la force de l’homme, c’est ce qu’il imagine plutôt que ce qu’il pense ». Et bien je préférerais que nos participants et participantes imaginent le monde de demain en traitant le déchet comme une vraie ressource. »
LC : « Je pense aussi qu’on est d’une génération très sensibilisée au réchauffement climatique. Aujourd’hui on a envie d’agir, d’être acteur de ce changement. Essayez d’apporter des solutions qui parlent à tout le monde : les personnes réfractaires au changement de leurs habitudes, comme celles qui sont déjà convaincues et impulsent des choses. Nous sommes dans le même bateau, et il va falloir impulser toute cette force collective. »
Qu’aimeriez-vous découvrir dans les projets des participants ?
RCP : « Des choses qui nous interpellent, nous étonnent et proposent des nouvelles façons de vivre au quotidien. Que ce soit extrêmement positif dans la manière de présenter les objets qu’ils vont concevoir, et que cela mène à prendre soin des gens dans leur environnement. Parce qu’avant de parler de la nature, des océans, de la campagne… En fin de compte il faut penser à l’Homme à l’intérieur de cet environnement. »
LC : « On va organiser un Ekiden au Stade Français, c’est-à-dire un marathon-relais au mois de juin, et il y a peut-être des belles choses à impulser pour cet événement. Aujourd’hui on utilise beaucoup de bouteilles en plastique, on récompense les athlètes avec des médailles qui finissent dans des tiroirs, on distribue des tee-shirts qui ne sont portés qu’une fois… Il faudrait repenser à tout ça. On va aussi avoir la chance d’organiser en France la coupe du monde de rugby 2023, et aussi les jeux olympiques de Paris 2024. Ce sont deux événements majeurs qui vont se passer dans notre pays : c’est le moment d’être innovant, d’oser lancer des choses et peut-être que les idées du concours DZD seront retenues pour ce type d’événements sportifs… »
RCP : « Courage, plaisir et succès ! »